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    «Jack, penses-tu que je suis folle ? »

     

     

    Bienvenue sur mon blog, mon univers, mon monde fantastique dont vous ne saurez en  ressortir ! 

     

     

    Je suis Cassandre, Cassie ou encore Cas'.  

    Je ne suis qu'une petite fille qui aime rêver, une fillette immature incompréhensible, étrange et incomprise. L'écriture est ma vie, la lecture est mon rêve et le dessin est ma passion. Je me doute bien que vous ne vous intéressez pas trop à moi et que vus êtes sans doute pressés de lire le résumé de ma fiction...donc je ne vais plus tarder sur ces futiles présentations que personne ne lit, de toute manière, et je vais me lancer dans le vif du sujet : 

    Ce blog sera consacré entièrement à ma fiction: The black Butterfly. 

     

     «Non Alice, tu ne l'es pas. Tu es seulement perdue, affreusement déboussolée et un peu trop rêveuse...mais tu n'es pas folle. »

     

     

    Les genres de cette fiction seront le Drame, la science fiction, l'horreur et la romance.

    Je ne prévois que, pour l'instant, trente chapitres, et peut-être deux tomes, voire trois, même.

    Les personnages principaux sont Jack et Alice. 

    Le résumé de ma fiction est :

     

     «Jack, penses-tu que je suis folle?

    -Non Alice, tu ne l'es pas. Tu es seulement perdue, déboussolée et un peu trop rêveuse...mais tu n'es pas folle.»

     

    Je n'étais rien, juste une fille, une enfant, une adolescente. Dans un asile.

     Alice était une menteuse, une meurtrière, une criminelle. Emprisonnée. 

    Je ne connais rien du monde qui m'entoure,  j'ignore qui je suis et dans quel but j'ai été fabriquée et pourquoi je suis là. 

    Alice en sait trop, beaucoup trop, sur elle, sur son corps, sur son passé et son futur. 

    Je suis Alice. Juste Alice.

    Elle est Alice. Mais pas vraiment Alice.  

     A L I C E .

     

     

    Nota bene : J'ai commencé cette fiction il y a deux mois sur skyrock. Il y a trois jours, je me suis crée un compte sur wattpad, également. Donc ne soyez pas étonnés si vous voyez cette histoire ailleurs, je vous rassure tout de suite ; j'en suis bel et bien l'auteure. 


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  • The Balck Butterfly ; Préface

     

     

     Prologue (mélodie)

                -Je n’aime pas ça, je n’aime pas ça. Pourquoi est-elle toujours là ?, chuchota une voix dans l’obscurité, enfouie dans le noir, plongée dans une quelconque ombre, laissant penser qu’elle n’est que le fruit d’une imagination délirante.

                -Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. Elle n’y est pour rien et tu le sais, rétorqua une autre âme, tout aussi doucement, tout aussi bas.

                Indétectables, cachés ou tout simplement avalés par des ombres profondes, deux adolescents discutaient, assis sur le sol froid, l’air anodin, mine de rien, souriant brièvement. L’une était une jeune fille, grande, petite, ses courts cheveux de jais se confondaient dans l’obscurité, tandis que son visage exprimait une certaine colère, un agacement incompris, ses traits farouches étaient tendus, un sourire cruel, ils affichaient.

                Quant à l’autre, petit et les dos courbé, le jeune garçon regardait ou plutôt observait la réaction de la fille qui se tenait devant lui. Les yeux pâles voilés de fatigue, de peur, d’incompréhension, il baillait, s’étirait, voulant aller se coucher. Calme mais effrayé, il essayait de maîtriser la jeune furie qui s’éveillait en face de lui.

                -Je n’aime pas ça, je n’aime pas ça. Leur façon de me tenir en cage, ainsi, de cette façon me contrarie. Je veux sortir, je veux partir; je veux goûter à la liberté en toute tranquillité.

                -Voyons, voyons, ne sois pas aussi agacée; allons plutôt nous coucher…regarde, tu es toute glacée.

                La jeune fille siffla puis se leva, se mit à tourner en rond en marmonnant, planifiant, complotant.

                -Et la laisser prendre ma place ? Et me contenter de regarder ? Je veux agir ! Je veux sortir ! Ce n’est pas en me couchant que je vais y arriver.

                -Tu ne peux rien y faire. Assis-toi et calme-toi.

                -Je n’aime pas ça, je n’aime pas ça. La façon dont elle s’attache à toi…tu m’appartient ! Tu es à moi ! De quel droit vient-elle me voler?

                Le garçon soupire et ferme les yeux, inspire, expire, tente de déglutir, en vain.

    -Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. Je n’appartiens qu’à toi, et tu le sais.

     

     


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  • Chapitre 1

     ( mélodie )

    Le blanc.

    Encore, toujours, éternellement.

    Je plisse les yeux en réprimant une grimace lorsque mon regard tombe sur cette étrange couleur trop éclatante, trop dégoûtante, cette blancheur si pure que je voudrais tant faire disparaître. Je mets un bras devant mes pupilles afin de ne plus avoir à supporter cette lumière,  ce blanc intacte qui m'agresse indirectement alors que je me le demande, encore et encore et encore pourquoi je me sens si révoltée chaque fois que je me réveille ici, chaque fois que j'ouvre les yeux sur ces quatre murs trop parfaits, chaque fois que le silence inhabituel m'accueille en emportant avec lui des souvenirs que je croyais enfouis.

    Je ne comprends pas. Après toutes ces longues années de solitude passées là, après toutes ces années où j'ai du supporter ce réveil brutal et le grincement du matelas lorsque je tente de bouger, après toutes ces journées trop courtes que j'ai passé dans cette chambre solitaire, cette chambre familière, cette chambre silencieuse, j'aurais du commencé à m'habituer à tout cela.

    Mais je ne me suis toujours pas familiarisée avec ça.

    Parce que je ne peux pas accepter cette couleur.

    Ce blanc me dégoûte.

    Il me nargue.

    Il m'obsède.

    Il me rappelle que je ne pourrais jamais partir et que je devrais continuer à me lever dans ces quatre murs, me rappelle que je ne verrais pas le bleu du ciel ni le gris des nuages, me rappelle que je ne pourrais jamais sentir la brise fraîche de l'hiver ni la pluie chaude de l'automne.

     Il me rappelle que je suis obligée de rester là, prisonnière dans cette pièce, dans cette chambre, dans cet asile psychiatrique.
     
     

                «Alice, venez, vous avez rendez-vous avec M. Jude

                Surprise, je me tourne vers un des nombreux hommes qui étaient sensés me surveiller, veiller à ce que je ne m'échappe pas ou du moins, à ce que je n'essaye pas de tuer quelqu'un. Un mince sourire étire mes lèvres tandis que je me lève, non sans avoir jeté un dernier regard rempli de regrets sur ma feuille froissée sur laquelle on voyait des mots barrés, hachurés, des tâches détestables qui ne faisaient que témoigner de mon incapacité à écrire. Je n'étais pas d'humeur à écrire, ce jour-là. L'agitation que j'entendais dans les chambres voisines de la mienne me déconcentrait, tiraillait, énervait; où était donc passé ce silence habituel qui plombait l'atmosphère, nous encombrait sous des tonnes de mensonges ou de secrets inavoués?

                «Ah, M. Jude! J'avais oublié que j'avais rendez-vous avec lui aujourd'hui!», réponds-je en m'avançant vers André, un des seuls hommes qui avaient le cran ou la bêtise de m'approcher.

                Il se contente de hocher la tête, plissant ainsi ses petits yeux noirs avant de me faire signe de le suivre, se dépêchant d'avancer dans le long couloir trop éclairé et déplaisant, me lançant, de temps en temps, des regards nerveux afin de s'assurer que je le suivais bien, que je ne me suis pas enfuie, que je ne suis pas partie, comme si j'étais assez stupide pour tenter quoi que ce soit alors que des gardes armés jusqu'aux dents m'entouraient.

                Bien assez tôt, nous dépassons les nombreuses chambres des détenues, effaçons de notre mémoire ces portes dotées d'une vitre  transparentes par lesquelles on pouvait apercevoir toutes ces femmes qui s'ennuyaient profondément dans leur cellule. Bien assez tôt, nous arrivons devant une salle éclairée par de grandes fenêtres, une salle ayant de nombreux fauteuils  beiges confortables sur lesquels j'adorais me prélasser.

                «Bonjour, M. Jude!, saluais-je avec un grand sourire l'homme assis devant un bureau impeccable, décoré d'une statuette étrange mais néanmoins charmante.
                -Ah, Alice! Vous êtes magnifique aujourd'hui!, répondit-il joyeusement, sa voix légèrement grave résonnant dans la pièce.

                Derrière moi, j'entendis le cuir d'un fauteuil grincer lorsqu'André s'assit.

                -Alors, quels autres aspects de ma misérable vie dois-je vous conter?
                -Je crains qu'aujourd'hui nous ne parlions pas de votre vie...réelle. Mais plutôt de celle de vos rêves....oui, c'est ça; je veux que vous me parlez de vos rêves, Alice.»

                Je me sens grimacer; je n'ai pas de rêves. Je ne comprends pas ce que cela signifie, ne vois pas ce que je suis sensée dire ni ce que M. Jude attend de moi. Bien sûr, j'ai suffisamment d'imagination pour lui raconter à peu près n'importe quoi, suffisamment d'insolence pour lui mentir mais quelque chose, un détail sur le visage soucieux de cet homme perdu dans des problèmes qu'il ne pourra jamais résoudre, ou l'étincelle dans ses yeux gris luisant d'une bonté que je n'arrivais pas à comprendre qui m'empêchait de lui raconter tout ce qu'il me passait dans la tête. Peut-être est-ce du aux nombreuses années que j'avais passées avec cet homme? Peut-être est-ce parce que je le considérais comme une sorte de père?

                «Je...disons que je ne rêve pas», finis-je par répondre en baissant le regard sur mes mains jointes.

                En hochant la tête, M. Jude me fait signe de poursuivre, s'empressant de noter tout ce que je racontais sur une tablette, tapant rapidement sur l'écran tandis que ses lèvres se plissent en une moue curieuse.

                «Ce n'est pas que je n'aime pas rêver...mais...comment pourrais-je vous expliquer cela? Je ne me sens pas en mesure de rêver. C'est comme si quelque chose m'en empêchait.»

                C'est une chose étrange, d'ainsi s'exposer à un inconnu. Dire ainsi des choses personnelles, divulguer des secrets que j'ose à peine m'avouer tout en faisant face aux nombreux souvenirs qui resurgissent et risquent de m'emporter avec eux si je ne fais pas attention...m'effraie. J'ai peur de me laisser tomber, de chuter dans ce grand vide, dans cette falaise qui nous séparait, M. Jude et moi- parce que j'avais beau me dire qu'il était la personne dont j'étais le plus proche, qu'il avait beau me connaître depuis longtemps, il n'arrivera jamais à me comprendre tout à fait, tout comme je n'arriverais jamais à lui faire totalement confiance.

                «Alice...savez-vous quel jour nous sommes?, demanda-t-il doucement, levant enfin son regard gris sur moi.
                -Je...non?
                -Nous sommes le 19 Janvier. Le 19 Janvier 2108, plus exactement. Et cela fait désormais cinq ans que Jack est mort.

                Jack.

                Je sursaute, frissonne, tremble en entendant ce prénom. Je recule, plisse les yeux et mes lèvres se retroussent sur une grimace alors que mon souffle se fige dans ma gorge, empêché de sortir par des souvenirs, des trop nombreux souvenirs qui commencent à surgir, à faire surface, à m'enchaîner à l'aide d'une corde étrange et inexpliquée. Je tente de reprendre mon calme en ignorant la panique et la peine qui s'accrochent à mon cœur, tente de reprendre mon souffle en ignorant les nombreux battements de mon cœur égaré, tente de ne pas me concentrer sur ce nom, son nom qui ne cesse de se répéter dans mon esprit, encore et encore et encore, semblable à une malédiction ou à un traumatisme ancien.

                «Alice...ne me dites pas que vous avez oublié

                Mon souffle se fait saccadé, ma vision se trouble, mon cœur se fige. Jack, Jack, Jack, Jack...oublié, oublié, oublié, oublié.

                Je ferme les yeux mais tout d'un coup il me semble l'entendre, le voir, le sentir. Tout d'un coup je vois ses yeux bleus, j'entends sa voix grave, je sens son odeur chaude me chatouiller ma joue tandis qu'il murmure : «Sacrée Alice! Il n'y a que toi qui puisse m'oublier aussi facilement!»

                «Alice...je pense que vous devriez-vous asseoir.», clame la voix forte de M. Jude.

                Je recule encore. Trébuche. Manque de tomber mais me retrouve soutenue par des bras imposants. Je sens qu'on me force à avancer ou à reculer encore, je me sens tirée de force, brutalisée, mais n'arrive pas à ouvrir les yeux, pas à prononcer un mot, comme si toute ma conscience vient de s'échapper, de s'évader parmi les mailles de mon esprit. Et tandis que ces sentiments destructeurs continuent de s'acharner sur moi, tandis que mes pensées se font de plus en plus confuses et que je commence à perdre de plus en plus la possession de mon corps, tandis que tout se mélange il y a une chose, une personne, un nom que j'arrive à retenir, à voir, à ressentir clairement :

    Jack.

                Et le rideau tombe. 


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                'Rien n'est plus irréel que le passé, rien n'est plus inquiétant, parce que à y creuser nous devenons irréels à nous-mêmes.'


    -Cordoue des Omeyyades (2000)

     


     
                Des murmures m'accueillent lorsque j'ouvre brusquement les yeux. Je ne me relève pas tout de suite, ne fais pas d'autres mouvements, me contentant de regarder, parfaitement immobile, le plafond blanc fissuré qui s'offre à moi. Appréciant ces moments de tranquillité ou je me contente de ne rien faire d'autre à part respirer, où j'ai l'impression d'être au bord du sommeil et du réveil, de la vie et de la mort, de la réalité et la fiction. Ce moment où tout me semble irréel et où j'arrive à oublier mes soucis, mes problèmes, mes souvenirs, mon existence même étant disparue ou tout simplement camouflée dans ce blanc des murs, insignifiante aux yeux des autres.

                Le son d'un pas tranquille se dirigeant vers moi brise cette chaîne de confusion et me ramène à la réalité.

                «Alice, enfin !, s'exclame enfin une voix désagréable. »

                Je soupire, pousse un léger grognement de mécontentement avant de lever les yeux sur une jeune femme aux pâles cheveux blonds. Elle me sourit, l'air heureux ou serein ou, peut-être, exaspéré; je ne saurais réellement définir l'expression qu'aborde son visage fin. Des yeux gris pâles rencontrent les miens, cherchent sur mes traits une réponse à une quelconque question.

                Je me lève, pose mes pieds sur le sol dur, froid et d'une blancheur éclatante, fronce les sourcils en regardant autour de moi, grimaçant lorsque je réalise ou je me trouve,  ouvre la bouche lorsque je cherche dans mes souvenirs ce qu'il a bien pu se passer, qu'est-ce qui a bien pu provoquer ce sommeil, cette panique, ce cœur affolé qui, même à l'instant, ne cesse de battre à un rythme irrégulier. Je ferme les yeux et me concentre, fais abstraction aux bruits parasites qui m'entourent, oubliant la froideur du sol et le courant d'air qui me traverse et me fait frissonner, soupire, me calme, visualise...et là, j'ouvre des yeux paniqués sur la femme qui me regarde d'un air étonné, sens une vague d'excitation ou d'adrénaline, laisse mes lèvres s'entrouvrir pour chercher un oxygène que je ne peux pourtant pas donner à mes poumons, parce qu'à cet instant précis, à ce moment, tout me revient, des noms et des conversations, des sourires et des rires, et les souvenirs reviennent ainsi, plus rapidement, trop rapidement ils tombent et m'accablent l'un après l'autre :

    Jack.

    M. Jude.

    Oublié.

    Jack.

                J'ai oublié la mort de Jack.

                Comment est-ce possible ?

                «Alice, ça va ? »

                La voix aigüe de l'infirmière me ramène à la raison, me calme, me fait m'asseoir sur mon lit en prenant un air fatigué.

                «Combien de temps ais-je été évanouie ?», je demande d'une voix roque.
                «Environ une demi-heure,» répond-elle en détournant le regard.

                Je soupire. Me lève encore une fois et fais quelques pas hésitants. C'est la troisième fois, cette semaine, que je me retrouve ici, dans cette pièce, dans cette infirmerie dotée d'un lit inconfortable. C'est la troisième fois cette semaine que je revois cette femme et ses yeux métalliques, la troisième fois qu'on me répond la même chose; j'ai dormi une demi-heure. Sans savoir pourquoi, cela m'irrite, le fait que je me réveille chaque fois après une demi-heure, comme si tout ceci est programmé; trente minutes à chaque fois est bien trop parfait pour me sembler réel. À tous les coups s'est un mensonge. Et pourtant, malgré tout, je ne fais rien, me contente tout simplement d'hocher la tête et d'acquiescer.

                Après tout, je n'aime pas perdre du temps et de l'énergie avec de telles futilités.

                Je sors de l'infirmerie en trébuchant légèrement sur la longue robe dont je suis vêtue. André, posté à ma gauche me suit d'un pas tranquille, un peu trop lent; sans doute essaye-t-il de masquer le fait qu'il boite. Sans doute a-t-il décidé que c'est mieux pour lui de m'avoir constamment en vue, pour éviter le risque que je ne sois prise d'une subite envie de meurtre, d'une rage destructrice ou d'une pulsion dévastatrice.

                Nous marchons lentement. Posément. Dépassons un petit groupe de prisonnières pour finir par arriver enfin au lieu de rencontre de toute personne vivant dans l'asile : la cafétéria. Une odeur de soupe et un brouhaha sonore m'accueille lorsque je pose le pied sur le carrelage blanc et noir de la gigantesque salle. Assises en groupes à différentes tables grises, plusieurs filles parlent la voix basse, conversent en échangeant des sourires et des rires, heureuses de se retrouver là, de pouvoir échanger des rumeurs, d'entamer des discussions impertinentes. Plusieurs lèvent des yeux moqueurs sur moi, d'autres me sourient et d'autres encore me fixent avec indifférence. Je repère des connaissances, des filles que je ne peux pas clairement qualifier d'amies mais avec qui j'aime bien passer le temps, des ennemies ou rivales et des nouvelles têtes étonnées, confuses et désemparées qui se demandent sans doute ce qu'elles font là.

                «Alors Alice, tu vas retrouver tes amies ?», murmure une voix moqueuse dans le creux de mon oreille.

                Je sursaute et me retourne, fixe avec étonnamment une fille au visage inconnu et la fusille du regard lorsqu'elle me crie d'avancer avec impatience.

                Cette voix, à l'instant...appartient à Jack.

                Je frisonne et oblige mes jambes à avancer, à attraper un plateau avant de prendre une place dans la file, attendant qu'on me serve  et que je finisse ce repas le plus rapidement possible, afin d'échapper à ce bruit, ce brouhaha agaçant et déconcertant, afin que je puisse enfin retourner dans ma chambre et m'effondrer sur le lit, plonger dans mon ennui ou essayer de trouver une explication logique à ce que vient de se passer, à ce que j'ai cru entendre et au fait que j'aie oublié Jack.

                Jack...

                Je baisse les yeux pendant quelques instants, vois ma vision se brouiller et mon cœur se serrer, se serrer de tristesse, de peine, de rage et d'angoisse, reflétant mon esprit confus et perdu, pourtant déchiré alors que je le croyais guéri. Après tout, cela fait désormais cinq ans qu'il est mort. J'ai eu le temps de faire mon deuil...

                C'est ce que je me dis, je me répète, je tente de m'assurer. Je suis arrivée à l'oublier. À l'effacer de ma mémoire. J'ignore comment, mais pendant un certain temps, je suis arrivée à reprendre le cours normal de ma vie, de ces étapes régulières qui consistent mon existence, à faire abstraction de tout et d'absolument tout et de ne me concentrer que sur moi, encore moi. J'ai été indifférente, ignorant le sens même de ''vivre''. Après tout, je ne suis qu'un corps froid habité par un esprit froid.

                Et puis, tout cela s'est brisé, brusquement, avec l'énonciation de ce nom, de cet unique nom : Jack. Malgré toutes ces années passées, je suis revenue au stade de départ, hantée par des souvenirs, possédée par une tristesse sans bornes et ressentant une rage incomprise. Malgré tout ce temps qui a passé, il est toujours là, à mes côtés, omniprésent dans ma vie.  

                «Tu crois vraiment que je te laisserais tomber aussi facilement ? »

                Je lève la tête et avance, accueille d'un grand sourire le bol de soupe qu'on me donne et me dirige rapidement vers une table solitaire, isolée, cachée au fond de la salle. Portant une cuillère à ma bouche, je me contente d'avaler cette nourriture immonde et ne pas faire attention aux deux plateaux qui viennent de se poser brutalement devant moi.

                «Eh, Alice, as-tu entendu la nouvelle ?, demande une voix enjouée.
                -Il paraît qu'on va être examinées par des agents du gouvernement et que certains d'entre nous pourront sortir, partir pour de bon, quitter ces mûrs !, s'exclama une autre.

                Je lève des yeux étonnés sur les visages souriants de Sandra et Alexandra, deux brunettes de quinze ans qui sont arrivées ici il y a, environ, deux ans.

                -Comment vous pouvez savoir ça ?», je demande en posant ma cuillère dans ma soupe, estomaquée.

                Sortir d'ici...quitter ces mûrs...voir à quoi ressemble le monde extérieur.        
     
                Malgré moi, un frisson d'excitation me parcourt et je me surprends à sourire, à rire, à espérer. Je surprends mon cœur à se serrer de joie et mes pensées se diriger vers tout ce que je pourrais faire une fois dehors, à toutes les couleurs que je pourrais admirer, à tous les lieux et les personnes que je pourrais rencontrer. Peut-être que j'aurais aussi l'occasion de tomber encore une fois amoureuse ?

                Peut-être...

                Je secoue la tête. Ce genre de pensées, de sentiment n'était pas quelque chose que j'aime particulièrement. Cet espoir, ce vain espoir qui nous donne l'impression d'avoir droit à une deuxième chance, cet espoir qui nous fait des promesses, qui nous donne des ailes et nous fait voler avant de nous les arracher brusquement n'est pas exactement ce à quoi j'aspire. Je ne veux pas ressentir encore une fois le désespoir, cette douleur et déception amère qui me serre la gorge, me donne des larmes et plonge mon cœur dans une vague colère.

                Et pourtant l'idée d'avoir droit à cette deuxième chance, l'idée de la liberté me semble tellement alléchante que je ne peux pas m'en empêcher, ne peux pas empêcher mes lèvres de s'entrouvrir et de prononcer des questions absurdes auxquelles personne ne pourra répondre :

                «Vous en êtes sûres ? Vraiment ? Combien d'entre nous pourront sortir ? Et si c'était une blague ? Et pourquoi ils viennent ? Et...

                Un vague haussement d'épaules de la part de Sandra me coupe la parole.

                -Tout ce qu'on sait, c'est qu'on aura droit à une deuxième chance

                Je détourne le regard, un vague sentiment de nervosité me nouant le ventre. 


     

    Et voici donc le chapitre 2 ! 

    Merci pour tous les gentils commentaires que vous m'avez laissé, dans le chapitre précédent ! ;D

    Le chapitre trois est prévu pour bientôt !

    À +

     

     


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